L’explosion des contrats temporaires sur le marché du travail mondial

20/05/2015

C’est un rapport qui devrait faire couler beaucoup d’encre. L’OIT vient de dévoiler son nouveau rapport « Emploi et questions sociales » appelé WESO (Emploi et questions sociales). Ce rapport qui a vocation à devenir annuel sera désormais la référence internationale en matière de marché du travail.

Selon le résultat de l’enquête qui regroupe les données de 84 % du marché de l’emploi mondial, près de trois travailleurs sur quatre seraient employés sous un régime temporaire ou pour une durée limitée. Ce chiffre important s’expliquant notamment par l’absence de contrat de travail ou par le travail intrafamilial.

Contrats temporaires

Un clivage nord/sud qui se résorbe en raison des formes atypiques d’emploi


Historiquement l’OIT a toujours identifié les pays dits du Sud (Afrique subsaharienne et Asie du Sud), pays en voie de développement comme des zones où le cadre juridique de la relation de travail était quasi inexistant. Ainsi, dans les pays en développement ce serait plus de six salariés sur dix qui exercent sans aucun contrat de travail.

Dans les zones plus avancées économiquement comme l’Europe centrale, c’est près de 80% des travailleurs qui bénéficient d’un contrat de travail.

Dans l’ensemble de la planète pourtant, le rapport salarial continue de progresser. De plus en plus de pays passent à des cadres juridiques définis pour définir les relations employeur/employé.

Pourtant ce développement n’est pas une garantie de longévité puisque dans le même temps, la durée d’un contrat de travail se réduit et les emplois à temps partiel ont progressé beaucoup plus vite que les emplois à temps plein ces quatre dernières années.

C’est la raison pour laquelle Guy Rider, Directeur général de l’OIT, à l’origine de ce rapport en appelle aux responsables politiques pour accompagner les salariés dans cette période où les emplois deviennent de plus en plus temporaire.

Les recommandations de l’OIT


Suite à ce rapport, l’OIT propose tout d’abord de renforcer l’investissement dans les entreprises pour favoriser des emplois plus pérennes et permettre aux travailleurs de retrouver des cadres juridiques stables.

L’OIT émet également un signal sur le régime des retraites ainsi que l’allocation chômage au sein des pays examinés. En effet, elle pointe que ces régimes de protection sociale n’ont pas encore pris le virage des formes atypiques d’emploi alors même que le phénomène de réduction de durée du contrat de travail date désormais de plusieurs années. Elle insiste également sur la quasi-absence de couverture pour les travailleurs indépendants. Sur l’ensemble des pays examinés, moins de 2 travailleurs sur 10 étaient couverts par un régime de retraite.

Une cause en amont : les chaines d’approvisionnement. Phénomène économique peu connu, les chaines d’approvisionnement sont identifiées par l’OIT comme l’un des facteurs de (in)stabilité du marché du travail mondial. Ainsi sur une quarantaine de pays qui disposent d’informations sur le sujet, l’OIT fixe que plus de 20% des emplois dépendent de la nature de ces chaines. L’OIT émet donc plusieurs propositions pour améliorer la production d’emplois tout au long de la chaine d’approvisionnement des pays en fonction de leur développement.

Les chiffres clés du rapport


+1,4% : croissance moyenne de l’emploi mondial par an depuis 2011

+0,1% : croissance moyenne de l’emploi dans les économies développées et l’Union européenne depuis 2008

17% : des salariés des pays examinés travaillaient à temps partiel pour une durée de moins de 30 heures/semaine.

52% : des employés sont affiliés à un régime de retraite

16% : des travailleurs indépendants affiliés à un régime de retraite

Accéder au rapport en intégralité : http://www.ilo.org/global/research/global-reports/weso/2015-changing-nature-of-jobs/WCMS_368645/lang--fr/index.htm
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