Le Ministre du Travail met en avant le portage salarial dans son plan pour l’emploi des seniors

03/10/2014

Lundi 23 juin 2014, le Ministre du Travail a souhaité prendre à bras le corps le problème du chômage des seniors qui a tendance à s’aggraver. En effet, les chômeurs de cinquante ans et plus continuent à être de plus en plus nombreux : au mois de mai 2014 la tendance étant encore à l’augmentation. Sur une période d’une année, la hausse est encore plus forte puisque par rapport à mai 2013, le nombre de seniors chômeurs a augmenté de 11,5%. A contrario du chômage des jeunes, asséché progressivement par les contrats aidés, les seniors semblent désormais être la pointe de la courbe du chômage.

Le renforcement des mesures existantes pour endiguer l’inactivité des seniors


Mesure attendue : le renforcement de l’attractivité du contrat de génération. Cette idée soutenue par François Hollande depuis la campagne présidentielle de 2012 ne semblait pas recevoir un excellent écho de la part du monde économique. En effet, seules 26 500 demandes de contrat de génération avaient été enregistrées fin mai 2014 contre un objectif initial de 500 000.

Le gouvernement a donc décidé de doubler la prime de 2000 euros par an et d’octroyer à l’entreprise qui recrute un jeune et conserve un senior, une prime allant de 4000 à 6000 euros (si un senior est également recruté).

Autre mesure existante renforcée, le suivi personnalisé de Pôle Emploi. Sans dépenser d’avantage, l’Etat souhaite élargir à 80 000 chômeurs supplémentaires un « accompagnement renforcé », le tout sur un total de 250 000 personnes : soit un total de 330 000 chômeurs de longue durée (dont un tiers a plus de 50 ans) qui bénéficieront de ce suivi sur-mesure.

L’apport de mesures innovantes : le portage salarial enfin promu


Le Gouvernement a également choisi d’essayer de nouvelles méthodes plus proches du monde de l’entreprise pour endiguer l’inflation du chômage dans cette population.

A cet égard, et pour la première fois dans un plan gouvernemental, le portage salarial et les groupements d’employeurs ont été mis en avant comme des « formes innovantes d’emploi ».

La volonté du Gouvernement aura été de sortir du cadre habituel du salariat classique pour valoriser d’une part la création d’entreprise et d’autre part ces formes à mi-chemin entre le salarié et l’entrepreneur. Des formes qui semblent plus adaptées à l’expérience des seniors et à leur volonté d’amorcer une seconde carrière en douceur, à quelques années de leur retraite.

Cette mise en avant du portage salarial a une forte portée symbolique alors que le secteur et les portés sont toujours en attente d’un encadrement juridique après la décision du Conseil constitutionnel qui donne jusqu’au 1er janvier 2015 au législateur pour encadrer le portage (lire à ce sujet).

Cette annonce sonne donc la mobilisation des pouvoirs publics sur le sujet et incite le Parlement à se saisir rapidement de cette question, une nouvelle qui devrait être accueillie favorablement par syndicats (représentés par tous les syndicats sauf FO) et employeurs (représentés par le PEPS) qui, en la matière, ont prôné le consensus .

Enfin, une autre mesure aura retenu l’attention du Ministre et résulte du rapport produit par Gérard MESTRALLET : elle consiste à proposer aux travailleurs plus âgés de réaliser des stages d’immersion en entreprises à la manière des jeunes pour recoller à la réalité du monde du travail. Si l’on y ajoute la volonté du Gouvernement de créer un « contrat de professionnalisation nouvelle carrière » inspiré du contrat de professionnalisation classique, on peut déceler un virage du gouvernement : une proximité plus forte avec le monde de l’entreprise pour retrouver le chemin de l’emploi.

Une orientation cohérente avec celle qui consiste à revenir sur les décisions susceptibles de menacer l’apprentissage pour les jeunes.

Finalement, une politique intergénérationnelle.

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