Les emplois non pourvus, trou noir du marché de l’emploi

16/05/2014

Photo d'un scientifique

Les chiffres du chômage atteignent de véritables records en France, mais si les chiffres des demandeurs d’emploi affolent, celui des emplois non pourvus chaque année doit également interpeller. En effet, selon une étude du Conseil d’Orientation pour l’Emploi (COE) parue en septembre 2013 et intitulée «Emplois durablement vacants et difficultés de recrutement», environ 400 000 tentatives de recrutement sont abandonnées chaque année.


Le 12 mai 2014, le MEDEF a décidé de s’attaquer à ce problème en commençant par diffuser massivement des mini-films sur les métiers en tension qui cherchent toujours preneurs : en savoir plus.


Quelles professions peinent à recruter ?


Marché du travail inefficace, accompagnement déficient, formations inadaptées, autant de raisons qui peuvent expliquer le phénomène. Selon le COE, en terme de quantité les professions d’aides à domicile, de serveurs de cafés, de professionnels de l’animation, d’employés de cuisine, de viticulteurs, d’agriculteurs, d’ingénieurs et cadres études (R&D, chefs de projets informatiques), de cuisiniers et d’aides-soignants sont celles qui ont le plus de difficulté à recruter.


En termes de proportion (soit selon les taux les plus élevés des projets de recrutements) le COE propose un second classement, plaçant les dentistes, tuyauteurs et ouvriers du textile en tête de son top 10.  Les régleurs, chaudronniers, tôliers, ouvriers qualifiés dans le métal ou les industries graphiques, dessinateurs, agents de maîtrises et les ingénieurs informatiques viennent ensuite compléter le tableau.


Pour quelles raisons ?


Le COE a identifié dans son rapport trois causes majeures : dans un premier temps le manque d’attractivité de la plupart des métiers suscités, lié aux conditions de travail difficiles qu’ils supposent ou à une méconnaissance des candidats potentiels ; puis un marché du travail trop fermé, qui ne permet pas une grande mobilité ou une circulation des informations optimale. Enfin, la cause la plus structurelle selon le COE : l’inadéquation des compétences et les pénuries de candidats.


Dans certains pays comme le Japon c’est le faible taux de natalité qui mène aux difficultés de recrutement de main d’œuvre jeune (le phénomène du vieillissement de la population commence également à poser problème au Canada et en Chine), alors que dans les pays du Moyen-Orient et de l’Amérique latine, l’explosion démographique mène à un dualisme du marché de l’emploi, laissant de nombreux jeunes non ou sous diplômés à l’écart, alors que les plus « qualifiés » qui arrivent tout juste sur le marché du travail sont confrontés au décalage entre leur formation et les réelles exigences du marché du travail.


Former autrement, plus efficacement ?


Une véritable « pénurie de talents » (titre d’une enquête de ManPowerGroup parue en mai 2013) sévit dans nombre de pays et notamment en France, où les structures de formation et d’information consacrées à l’emploi montrent progressivement leurs faiblesses. Selon une étude Mc Kinsey, en 2013  environ 40% des employeurs regrettaient un manque de compétences chez les jeunes. Dans le même temps 45% de ces mêmes jeunes reconnaissaient être mal préparés à ce que le marché du travail exige réellement.


Comment d’ailleurs ne pas songer au succès croissant chez les jeunes de nouvelles formes d’emploi comme le portage salarial ? Leur besoin de liberté les pousse de plus en plus à carrément sortir du marché du salariat classique pour tenter l’aventure (sécurisée) du travail indépendant.


Par ailleurs, si les compétences technologiques et techniques manquent, les compétences transversales ou qualités humaines (pensée logique, résolution de problème, capacités managériales, esprit d’équipe) sont également de plus en plus difficile à retrouver chez les candidats. Et alors même que ces critères de savoir-être représentent des facteurs de plus en plus décisifs lors de la décision d’embauche.


En 2013, 54% des employeurs estiment que ces difficultés de recrutement auront des conséquences négatives sur leurs relations clients, alors qu’ils étaient 42% en 2012. C’est donc plus de la moitié des employeurs qui considère que ces pénuries de talents prennent un aspect menaçant pour leur compétitivité.

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