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Quelle rémunération pour les salariés portés ?

08/10/2024

Nous avions fait un point sur le secteur du portage salarial lors de la publication du rapport de branche 2024. Chiffres d’affaires, nombre de salariés portés, nombre d’entreprises de portage, tout ce qu’il faut pour se faire une première idée de la taille du marché 😉. Aujourd’hui, nous allons nous focaliser sur la rémunération des salariés portés. Combien gagne un salarié porté en moyenne par an ? Quelle est la répartition des salariés portés selon la rémunération ? Quelles sont les différences entre les hommes et les femmes ? Et bien évidemment, parce que nous essayons de vous apporter un peu de profondeur dans l’analyse, comment évoluent ces indicateurs dans le temps ?

Une rémunération annuelle moyenne en hausse de 10 %

La rémunération annuelle moyenne des salariés portés progresse de 10 % entre 2020 et 2021 pour atteindre désormais 23 414 euros bruts.

 


Petit rappel : Les statistiques du rapport de branche 2024 concernent pour la plupart d’entre elles l’année 2021. Pour réaliser ce rapport, les associés de La Faabrick Cherdet, réalisent une commande, au nom de la branche, auprès du département des produits sur mesure de l’Insee. L’objectif : obtenir des données agrégées fiables issues des déclarations sociales nominatives (DSN) des entreprises de portage.

Le revers de cette fiabilité est un léger décalage temporel. Même si l’Insee a réduit le temps de traitement des données ces dernières années, il reste frustrant d’analyser les données du secteur avec 2 ou 3 ans d’écart.


 

Deux manières de réagir face à ces chiffres bruts.

  • 10 % d’augmentation : sacrée progression (je pense qu’un grand nombre de salariés classiques signent pour une augmentation annuelle à deux chiffres) ;
  • 23 414, c’est pas énorme non ?

Effectivement, la rémunération brute moyenne peut sembler assez faible de prime abord (surtout si on passe trop de temps sur LinkedIn 😊).

Elle est à remettre en perspective par rapport à la diversité des situations des salariés portés. Les salariés portés sont rarement à temps plein. Ils ont ainsi travaillé en moyenne 684 heures en 2021, loin du temps plein (1 607 heures par an pour un 35 h sur l’année), malgré une hausse de 9 % (les salariés portés ont travaillé 628 heures en 2020).

Pour tenir compte de cette réalité, les auteurs du rapport ont fait le choix de calculer une rémunération moyenne en équivalent temps plein. Elle atteint 62 435 euros bruts en 2021, en légère progression (+ 1 %).

Si on analyse les chiffres dans leur globalité, on comprend que la hausse spectaculaire du chiffre d’affaires du secteur en 2021 (+ 23 %) est essentiellement le résultat de la hausse du nombre de salariés portés (+ 13 %) et de la hausse du nombre d’heures travaillées (+ 9 %). La rémunération brute moyenne en équivalent temps plein est en effet restée assez stable.

 

Une rémunération en hausse constante depuis 2015

Détachons-nous maintenant de l’évolution 2020/2021 pour regarder l’évolution de la rémunération sur une plus longue période. On constate que depuis 2015, première année pour laquelle nous disposons de chiffres fiables, la rémunération annuelle brute moyenne et la rémunération annuelle brute moyenne en équivalent temps plein progressent de manière constante.

 

Evolution de la rémunération salariés portés

C’est une très bonne nouvelle. L’entrée de nouveaux salariés portés sur le marché ne se fait pas au détriment de la rémunération moyenne globale, bien au contraire.

 

21 % des salariés portés ont gagné plus de 40 000 euros en 2021

La moyenne annuelle est une première donnée intéressante pour avoir une première impression de la rémunération des salariés portés. La répartition des salariés par tranche de rémunération nous apporte une vision plus complète du secteur.

 

Répartition des salariés portés selon leur rémunération
21 % des salariés portés ont gagné plus de 40 000 euros bruts en 2021 (c’était 19 % en 2020).

 

Une répartition très différente suivant le sexe

Les graphiques représentant la répartition des hommes et des femmes (en % du total d’hommes et de femmes) montrent une situation significativement différente.

 

Comparaison de la répartition des salariés portés selon leur rémunération selon le sexe

26 % des hommes salariés portés ont gagné plus de 40 000 euros bruts en 2021 contre seulement 14 % des femmes. Les femmes sont également plus nombreuses en proportion dans les tranches de rémunération inférieures.

Les auteurs du rapport fournissent des éléments particulièrement intéressants pour comprendre cette différence de profil dans la répartition des salariés portés selon le genre.

 

Comment expliquer cette différence de rémunération entre les hommes et les femmes ?

Les femmes ont perçu en 2021 une rémunération très nettement inférieure à celle des hommes (650 millions d’euros pour les hommes contre 250 millions d’euros pour les femmes). Il ne s’agit pas ici de rémunération moyenne mais de masse salariale brute. Autrement dit, la somme des rémunérations perçues par les hommes est égale à 650 millions d’euros (250 millions d’euros pour celle des femmes).

L’écart est important : 61 % !

Il s’explique principalement par le fait que les femmes salariées portés :

  • Sont moins nombreuses que les hommes sur le secteur ;
  • Ont en moyenne moins travaillé que les hommes en 2021 ;
  • Ont une rémunération brute horaire inférieure à celle des hommes.

Nous l’avons vu plus haut dans l’article, la rémunération brute annuelle moyenne des salariés portés est de 23 414 euros en 2021. Cette moyenne cache de fortes disparités selon le sexe. La rémunération brute annuelle moyenne des femmes est ainsi de 17 702 euros tandis que celle des hommes est de 26 752 euros. Une différence de 34 %

Vous connaissez le principe du portage salarial : c’est le consultant ou la consultante qui trouve une mission et négocie avec son client les conditions d’exécution de sa mission. Le prix est bien évidemment un élément central de cette négociation. Et la rémunération perçue par le salarié porté après transformation du chiffre d’affaires en salaire en est le reflet. On ne peut pas à proprement parler de discrimination salariale comme on l’aurait fait pour commenter un tel écart dans un secteur classique.

En prenant en compte le nombre d’heures travaillées en 2021 (745 heures en moyenne pour les hommes et 580 heures pour les femmes), on constate que l’écart de rémunération brute horaire entre les hommes et les femmes est de l’ordre de 15 %.

Un écart encore important mais heureusement loin des 61 % de différence entre les masses salariales totales.

Sans données sectorielles, il est impossible de savoir si cette différence est essentiellement due au secteur d’activité (sur-représentation des femmes dans des secteurs avec un taux journalier moyen plus faible ?), aux tarifs négociés ou, comme c’est probablement le cas, un mix des deux.

Une piste à creuser pour les prochains rapports ?