Chercheurs et entreprises : une conciliation possible
13/02/2020Sur les quelque 14 000 docteurs formés chaque année en France, près de 30 % quittent notre pays après avoir soutenu leur thèse. Si l’on ajoute à cela que, trois ans après l’obtention de leur doctorat, seuls 16 % travaillent dans un service de recherche et développement (R&D) en entreprise, on comprend mieux pourquoi la France peine à valoriser ses talents issus du monde académique.
Ce constat est d’autant plus préoccupant que les entreprises ont un besoin croissant d’expertise pointue, notamment dans des domaines émergents comme l’intelligence artificielle, la cybersécurité, les biotechnologies ou encore la transition énergétique. Pourtant, un fossé persiste entre le monde académique et le monde économique, rendant difficile l’intégration des docteurs dans les entreprises françaises.
Une initiative pour rapprocher chercheurs et entreprises
C’est précisément ce défi que Yann-Maël Larher, docteur en droit et spécialiste des technologies de l’information et du numérique, a voulu relever en créant OkayDoc. Cette plateforme innovante met en relation des doctorants et docteurs avec des entreprises en quête d’expertise de haut niveau.
L’initiative séduit de plus en plus, tant du côté des entreprises que des institutions publiques, qui voient là une opportunité unique de capitaliser sur l’excellence de la recherche française tout en favorisant l’innovation et la compétitivité.
L’un des grands atouts d’OkayDoc réside dans la flexibilité qu’elle offre aux chercheurs : au lieu d’intégrer directement une entreprise en tant que salarié, ils peuvent intervenir sous forme de missions ponctuelles, en tant que consultants spécialisés. Cette approche répond à un double besoin :
- Côté entreprise, elle permet d’accéder rapidement à des compétences de pointe sans les contraintes d’un recrutement permanent.
- Côté chercheur, elle offre une alternative à la carrière académique, souvent incertaine, tout en valorisant leurs compétences dans des contextes variés.
Le portage salarial : une solution d’avenir pour les docteurs
Dans ce contexte, le portage salarial apparaît comme un modèle particulièrement adapté. Il permet aux docteurs d’exercer leur activité de consultant en toute autonomie, tout en bénéficiant de la sécurité du statut de salarié (protection sociale, cotisation retraite, assurance chômage, etc.).
Ce dispositif facilite la transition entre le monde académique et l’entreprise, en offrant une solution intermédiaire qui rassure aussi bien les chercheurs que les employeurs. Pour de nombreux docteurs, c’est une véritable opportunité de valoriser leur expertise sans renoncer à la liberté qu’offre la recherche.
Vers un changement de paradigme ?
L’initiative d’OkayDoc illustre un mouvement plus large visant à mieux intégrer les docteurs dans l’économie française. De plus en plus d’entreprises commencent à reconnaître la valeur ajoutée des chercheurs, non seulement pour la R&D, mais aussi pour des missions de conseil stratégique, de veille technologique ou encore d’accompagnement à l’innovation.
Si ce rapprochement se poursuit, il pourrait marquer un véritable tournant pour l’emploi des docteurs en France. Plutôt que de voir ses talents partir à l’étranger ou rester cantonnés au monde académique, la France a une carte à jouer pour devenir un modèle en matière de collaboration entre recherche et industrie.
Doctorants/consultants en portage salarial : une idée qui a, sans aucun doute, de l’avenir !
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