Secteur de l’emploi : l’intérim en déclin
18/07/2013Selon les derniers chiffres publiés par Pôle Emploi, l’emploi intérimaire semble poursuivre son déclin amorcé au début de la crise. Si pour le mois de mai 2013, le recours à l’emploi intérimaire a connu une baisse de 1,4 %, c’est surtout sur l’ensemble de l’année que le résultat est le plus préoccupant : en un an, l’emploi intérimaire aurait diminué de 6,5 %.
Un recul généralisé dans tous les secteurs
C’est une baisse globale que les sociétés d’intérim doivent affronter : le déclin apparaît non seulement dans tous les secteurs, mais il s’observe également dans toutes les régions. Ainsi, l’industrie, qui regroupe pourtant 44,8 % des intérimaires, voit sa part baisser de 0,7 %, la construction enregistre une baisse de 1,5 %, et le tertiaire, avec une réduction de 2,2 %, apparaît comme le secteur le plus affecté.
D’autre part, les régions les plus concernées par la baisse de l’intérim sont l’Alsace (-10,6 %), le Nord-Pas-de-Calais (-11,3 %) et la Bretagne (-11,1 %). La tendance ne semble pas s’inverser à court terme, car les entreprises continuent de privilégier d’autres formes de flexibilité pour répondre à leurs besoins ponctuels de main-d’œuvre.
Un impact sur toutes les catégories socioprofessionnelles
Dans ce panorama global, aucune catégorie socioprofessionnelle n’échappe au recul de l’intérim. Les ouvriers qualifiés, qui constituaient autrefois une part importante des travailleurs intérimaires, voient leurs missions se raréfier. Les employés du tertiaire, notamment dans la logistique et les services, subissent également une diminution des offres.
Les raisons de cette baisse sont multiples. D’u
ne part, la conjoncture économique morose pousse les entreprises à limiter leurs coûts et à restreindre leurs embauches, même temporaires. D’autre part, certaines réformes législatives et réglementaires ont pu freiner l’essor du travail temporaire, en rendant plus contraignant le recours à l’intérim.
L’émergence d’alternatives : le portage salarial en plein essor
À l’inverse de son lointain cousin, l’intérim, le portage salarial se stabilise et promet une forte progression dans les prochaines années. Cette alternative au travail temporaire séduit de plus en plus de travailleurs et d’entreprises grâce à ses nombreux avantages.
Le portage salarial permet aux travailleurs indépendants d’exercer leur activité en bénéficiant du statut de salarié, avec les droits associés (sécurité sociale, assurance chômage, cotisation pour la retraite). Ce modèle gagne en popularité, notamment auprès des cadres et des experts spécialisés dans des domaines tels que le conseil, l’informatique ou la formation.
Plusieurs facteurs expliquent cette montée en puissance du portage salarial :
- Un encadrement juridique renforcé : ces dernières années, la législation a évolué pour offrir un cadre plus sécurisé à cette forme d’emploi.
- Une flexibilité appréciée des entreprises : le portage salarial permet aux entreprises d’accéder à des compétences pointues sans avoir à gérer une embauche classique.
- Une sécurité accrue pour les travailleurs : contrairement aux missions d’intérim, souvent précaires, le portage salarial offre une meilleure stabilité et une plus grande autonomie.
Un marché de l’intérim en pleine mutation
Face à la baisse du recours à l’intérim, les entreprises du secteur doivent s’adapter pour ne pas subir trop durement cette transformation du marché du travail. Certaines agences d’intérim tentent de diversifier leurs services en proposant des offres de recrutement en CDD ou CDI, du conseil en ressources humaines ou encore des formations pour accompagner les travailleurs vers de nouvelles opportunités.
Si l’intérim semble en perte de vitesse, le besoin de flexibilité des entreprises reste fort. Il est donc probable que de nouveaux modèles de travail émergent dans les années à venir pour répondre à ces exigences tout en garantissant une meilleure protection aux travailleurs.
Source : Pôle Emploi