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Les partenaires sociaux s’emparent du dossier télétravail

11/06/2020

Le télétravail a connu une expansion sans précédent au cours des derniers mois, propulsé par la crise sanitaire et les mesures de confinement imposées pour freiner la propagation du COVID-19. Ce mode d’organisation, longtemps perçu comme marginal ou réservé à certains secteurs, s’est imposé comme une solution incontournable de continuité d’activité.

Alors que de nombreuses entreprises ont été contraintes de revoir leur fonctionnement du jour au lendemain, une réflexion plus large s’ouvre aujourd’hui sur la pérennisation et l’encadrement du télétravail à grande échelle.

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Le télétravail avant la crise : un cadre déjà assoupli

Il est utile de rappeler que le cadre juridique du télétravail avait déjà été rendu plus souple par l’ordonnance « MACRON » du 22 septembre 2017. Depuis cette réforme, il n’est plus nécessaire de modifier le contrat de travail pour recourir au télétravail ponctuel. Un simple accord entre employeur et salarié suffit, facilitant son recours dans de nombreuses situations.

Pourtant, malgré cette simplification, nombre d’entreprises sont restées réticentes, invoquant des difficultés managériales, un manque de confiance ou encore des obstacles techniques. La crise sanitaire a fait voler en éclats bon nombre de ces freins, en démontrant qu’avec les bons outils et une organisation adaptée, le télétravail était non seulement possible, mais souvent efficace.

Une initiative interprofessionnelle saluée

Conscients des enjeux et des mutations en cours, les partenaires sociaux au niveau interprofessionnel ont décidé de se saisir collectivement du sujet. Le 15 mai, Geoffroy Roux de Bézieux, président du MEDEF, a officiellement invité les principales organisations syndicales et patronales à entamer un travail de diagnostic paritaire sur le télétravail.

Dans son courrier, il souligne que cette forme d’organisation du travail, bien qu’inhérente à la situation de crise, pourrait s’ancrer durablement dans les pratiques. Il évoque les multiples dimensions du sujet : humaines, sociales, managériales et économiques.

Les travaux de diagnostic devaient commencer avant la fin du mois de mai, avec pour objectif d’aboutir à une position commune et paritaire d’ici l’été 2020. Une initiative saluée par de nombreux observateurs, qui voient là une occasion de structurer le débat autour d’un enjeu majeur pour l’avenir du travail.

Des recommandations… mais un manque d’ambition ?

Si la démarche est encourageante, certains regrettent déjà le manque d’ambition affiché : le texte à venir devrait se limiter à de simples recommandations, sans valeur contraignante. Une déception pour ceux qui espéraient un accord interprofessionnel plus formel, ou l’ouverture de négociations en vue d’un encadrement plus poussé du télétravail à l’échelle nationale.

Il reste néanmoins à espérer que ces recommandations, même non obligatoires, serviront de base d’inspiration solide pour les entreprises, les incitant à structurer et formaliser leur approche du télétravail : équilibre vie pro/vie perso, droit à la déconnexion, équipements, formation des managers, suivi des salariés…

Une opportunité à saisir pour repenser le travail

Le télétravail est bien plus qu’une solution d’urgence : il devient un enjeu stratégique dans la transformation du monde professionnel. En saisissant ce moment unique pour poser un cadre de référence partagé, les partenaires sociaux ont l’opportunité de participer activement à une nouvelle culture du travail, plus flexible, mais aussi plus inclusive et responsable.