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La crise sanitaire a-t-elle changé notre rapport au travail ?

15/09/2021

Le 29 juin dernier, le Centre d’études de l’emploi et du travail (CEET), intégré au CNAM, a publié une étude intitulée « comment la pandémie de Covid-19 a-t-elle bouleversé le rapport au travail ? ».

Ainsi, si l’organisation du travail a été modifiée avec la crise sanitaire, les salariés ont-ils changé
dans leur rapport au travail, comment et dans quelle mesure ? En se basant sur les données du dispositif Everest (mis en place à l’initiative des médecins
du travail), les chercheurs du CEET mettent en évidence « des effets
inégaux et contrastés, en particulier selon le genre et de la classe sociale
des salarié.s ».

En effet, entre octobre 2020 et
avril 2021 et parmi les 3029 personnes interrogées, 10% des salariés déclarent
que leur travail a perdu du sens, 61% que la crise n’a eu aucun effet et 29%
que leur travail a gagné en intérêt.

 

Les femmes plus marquées par la perte de sens

Parmi les personnes déclarant que
leur travail a perdu du sens, les femmes cadres et professions intermédiaires
de plus de 40 ans sont largement représentées. Cette surreprésentation est
encore plus marquée dans les secteurs administratifs, des services et de la
santé.

Le changement du rythme de
travail, les difficultés à articuler les sphères de vie au quotidien et le
manque de reconnaissance de la part de l’entourage professionnel, les
conditions de travail sont ainsi des facteurs aggravants : « l’intensification
du travail à domicile s’ajoute à une charge de travail domestique et parentale
déjà présente qui tend à déstructurer et désynchroniser ses rythmes sociaux
[…]
Le brouillage progressif des temporalités
professionnelles et familiales, exacerbé par la crise sanitaire, contribue à
une perte de sens de l’activité en questionnant le sentiment d’utilité sociale
dans l’emploi et la fierté du travail bien fait 
».

 

 

Les hommes de l’industrie et du bâtiment n’indiquent pas de différence

Dans ces différents secteurs,
« ces personnes déclarent rarement dépasser leurs horaires, écourter
les repas, traiter trop rapidement une opération ou encore être interrompu dans
une tâche.
[…] Lors de la crise
sanitaire, ces personnes sont relativement plus souvent sur site.
 »

Avec la crise sanitaire, les
conditions de travail restent proches de celles qu’ils connaissent
habituellement. Les périodes de chômage partiel permettent de rattraper les
tâches administratives en retard. Une relative confiance existe quant à la
pérennité de l’activité.

 

 

Les emplois précaires des « secteurs essentiels » déclarent que
leur travail a gagné en intérêt

Les salariés de ces secteurs
connaissent des intensités de travail variable, avec des contraintes physiques
fluctuantes et des gestes répétitifs. Néanmoins, les métiers concernés
bénéficient d’une reconnaissance sociale, d’une valorisation et d’une
reconnaissance symbolique. Pour certains mêmes, la crise sanitaire a permis
d’échapper à une situation familiale devenue pesante, du fait de la proximité
des membres de la famille dans un espace restreint.