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Freelances : quels sont les avantages du portage salarial ?

18/12/2021

Le freelancing a le vent en poupe ces derniers mois.

S’il est difficile de savoir avec précision le nombre de freelances en activité en France (les derniers chiffres d’Eurostat évoquent 930 000 freelances[1] français en 2018, un chiffre en forte progression), la tendance est quant à elle très claire.

L’écosystème du freelancing se construit, avec un nombre croissant d’entreprises s’adressant à cette population (freebe ; shine ; wemind …) et des collectifs de freelances qui prennent vie un peu partout en France.

Mais avant d’exercer en freelance, se pose obligatoirement la question du statut sous lequel exercer son activité. En France, un freelance a globalement le choix entre le portage salarial, la coopérative d’activité, l’entreprise individuelle (souvent sous le régime de la micro-entreprise), la SASU et l’EURL.

Parmi ces statuts le portage salarial tire son épingle du jeu avec de nombreux avantages pour les personnes qui font ce choix. Quels sont les avantages du portage salarial ? Nous avons choisi de laisser la parole à Kévin Gaillardet, associé et fondateur de La Faabrick Cherdet, cabinet de conseil spécialisé sur les formes alternatives d’activité, qui propose aux freelances de les aider à choisir le statut le plus adapté à leur activité.

Merci pour cette belle opportunité. Effectivement, vous le disiez, si le portage salarial séduit chaque année davantage de personnes, c’est qu’il a clairement des atouts à mettre en avant par rapport à d’autres statuts. Et le premier d’entre eux est bien évidemment le statut social qu’il offre aux salariés portés.

Portage salarial: un statut social très protecteur

La plupart des entreprises de portage salarial présente le dispositif comme une forme d’emploi hybride entre l’indépendance et le salariat, un savant mélange entre les deux statuts en quelques sortes et je trouve que c’est une jolie façon de mettre en avant un des principaux atouts du portage : la protection sociale du salariat.

En plus de disposer d’une totale autonomie dans l’organisation de son travail, le salarié porté bénéficie d’un statut de salarié. En effet, c’est bel et bien un contrat de travail qui le lie avec son entreprise de portage salarial.

Concrètement, cela veut dire qu’un salarié porté est un salarié comme les autres au niveau de la protection sociale.

Premier avantage, un salarié porté cotise à l’assurance chômage. Il peut donc bénéficier de l’allocation chômage d’aide au retour à l’emploi (ARE) après une rupture de son contrat de travail. Cela peut faire une grosse différence avec un freelance qui a fait le choix d’exercer son activité en créant une entreprise en cas de perte de revenu.

 

Exemple de Julie :  Consultante IT, elle a signé un CDD avec une entreprise de portage afin d’exercer son activité chez un client grand compte pendant 12 mois à un tarif journalier de 600 euros.

Son chiffre d’affaires lui a permis sur cette période de se verser une rémunération brute mensuelle de 6 500 euros.

Elle bénéficiera, à la fin de son CDD avec son entreprise de portage, d’une allocation chômage de 3 233 euros pendant 6 mois puis d’une allocation chômage de 2 210 euros pendant six mois (du fait de la dégressivité des allocations chômage).

Le fait de bénéficier de l’ARE pourra par exemple lui permettre de chercher une nouvelle mission plus sereinement.

A titre de comparaison, si Julie avait exercé son activité en micro-entreprise, elle aurait pu bénéficier (à conditions de respecter certaines conditions) d’une allocation de 800 euros par mois pendant 6 mois. Une sacrée différence …

 

Deuxième avantage, un salarié porté est soumis au régime général pour la retraite. Au niveau de la retraite de base, cela a peu d’impact puisque les travailleurs indépendants sont alignés sur le régime général depuis 1973. En revanche, les salariés portés sont gagnants en matière de retraite complémentaire. Ils cotisent plus. Leurs pensions de retraite complémentaire sont donc logiquement plus élevées.

Troisième avantage, un salarié porté est couvert contre le risque d’accident du travail ou de maladie professionnelle. Ce n’est pas les cas des micro-entrepreneurs ou des gérants d’EURL.

Bref, vous l’aurez compris, le statut de salarié porté est bien plus protecteur que celui de travailleur indépendant.

 

Portage salarial : un statut qui offre un soutien dans la gestion de son activité quotidienne

Quand on se lance en freelance, on a souvent tendance à sous-estimer le temps que l’on va passer à gérer les obligations administratives liées à son activité. Le portage salarial offre un soutien inestimable dans la gestion de son activité.

Un salarié porté délègue en effet toutes ses obligations administratives à son entreprise de portage. Elle s’occupe ainsi pour lui :

– De la rédaction et la signature du contrat de prestation avec l’entreprise cliente ;

– De l’émission de la facture ;

– Du recouvrement de la facture ;

– Du paiement des cotisations sociales afférentes à son salaire ;

– De la gestion de ses frais professionnels …

A titre de comparaison, un indépendant en société (EURL / SASU) devra rédiger ses statuts, publier une annonce légale, établir ses comptes, gérer sa relation avec l’URSSAF, avec les impôts pour le paiement de la TVA, payer la cotisation foncière des entreprises …

Le portage salarial est clairement une solution parfaitement adaptée pour toutes les personnes qui souhaitent se concentrer sur leur cœur de métier et leur expertise.

 

Portage salarial : un statut qui permet d’être guidé dans son activité d’indépendant

La majorité des entreprises de portage propose un accompagnement personnalisé (plus de 85 % d’entre elles d’après le premier rapport de branche du secteur) à leurs salariés portés, souvent sous la forme d’un référent ou d’un conseiller attitré. J’ai eu la chance de discuter avec beaucoup de salariés portés de leur activité et très souvent, ils m’ont parlé de leur attachement à leur conseiller ou référent. C’est clairement une plus-value très importante d’être guidé par une personne qui comprend leurs besoins et qui peut répondre à leurs interrogations.

Lorsqu’on a été salarié dans un domaine pendant 15 ans, on est certes expert de ce domaine mais ce n’est pas pour autant qu’on est capable de relever les défis qu’impose l’indépendance.

Définir son offre, fixer ses tarifs, négocier les conditions d’une prestation, développer son réseau, communiquer … tout cela ne s’improvise pas et le portage salarial peut être une passerelle intéressante pour acquérir la posture du consultant.

Un salarié porté aura la possibilité de bénéficier d’un accompagnement dans son activité et très souvent de formations ou d’ateliers sur ces sujets proposés par son entreprise de portage. Un bon moyen de pérenniser son activité d’indépendant.

 

Portage salarial : un statut qui rassure ses clients

Né à la fin des années 80, le portage salarial s’est construit dans le temps. Il est désormais bien encadré législativement (le secteur s’est notamment doté d’une convention collective de branche depuis 2017), et à même de rassurer les entreprises qui souhaitent faire appel à des ressources externes.

De nombreuses entreprises de portage font un travail remarquable pour être référencé auprès des grands groupes pour faciliter l’accès à ces marchés pour leurs salariés portés. Le fait de contracter avec une entreprise réalisant plusieurs millions de chiffre d’affaires est souvent plus rassurant pour une entreprise cliente qu’une prestation en directe avec un micro-entrepreneur ou une société unipersonnelle ayant peu d’ancienneté.

Enfin, dans le cadre de certaines activités, le portage salarial permet de s’affranchir d’obligations administratives importantes. C’est typiquement le cas pour les activités de formation. Un formateur faisant le choix d’exercer en société unipersonnelle devra supporter toutes les contraintes d’un organisme de formation (déclaration d’activité, référentiel qualité Qualiopi à partir du 1er janvier 2022, bilan pédagogique et financier annuel, exonération de TVA …). Beaucoup de contraintes pour une petite structure. Il est souvent préférable (au moins au démarrage de son activité) de recourir à une société de portage si on veut proposer des prestations de formation.

[1]Un freelance est ici défini comme un travailleur indépendant sans employés, exerçant une activité de service et/ou de prestation intellectuelle dans les secteurs ne relevant pas de l’agriculture, de l’artisanat et du commerce