Interview de Mickaël QUEMERAIS, dirigeant d’AGOSTINO
23/06/2022Cela fait presque deux ans maintenant que nous donnons la parole aux dirigeants des entreprises de portage salarial. Avec l’arrivée de l’été, et la tombée des masques, on a peu rafraîchi nos rubriques ! On espère que cela vous plaira 😉
Pour ce nouvel épisode, nous avons eu le plaisir d’échanger avec Mickaël QUEMERAIS, le dirigeant d’AGOSTINO, société de portage salarial créée en 2002 !
C’est parti pour la nouvelle interview des entrepreneurs du portage salarial !
Rubrique : Portrait perso
Famille
Bonjour l’équipe du Guide. Je vais être bref, mais précis : j’ai 47 ans, je suis marié, et j’ai un enfant !
Parcours
Ma formation est quelque peu atypique. J’ai un diplôme en psychologie, spécialité criminologie. C’est tout ce qui concerne l’étude du phénomène criminel, notamment d’un point de vue psychologique justement. C’était passionnant mais il y avait trop peu d’opportunités d’emploi avec ce type de cursus, j’ai donc continué mes études et me suis spécialisé dans les ressources humaines et le recrutement. Finalement, ce parcours m’a donné l’occasion de travailler dans le portage salarial dans les années 2000 !
Portage salarial
Après mon parcours universitaire, j’ai travaillé pour une entreprise spécialisée dans le recrutement qui se situait aux Etats unis. L’un des consultants que je suivais dans mon portefeuille clients était justement salarié porté !
On a pas mal échangé sur le dispositif à l’époque, et j’avoue que cela a titillé ma curiosité. J’étais intrigué par le concept, assez novateur en France dans les années 2000, il faut le dire. En me renseignant, j’ai fait pas mal de rencontres, et de fil en aiguilles j’ai été débauché par une entreprise de portage salarial en France pendant 2 ans, donc de 2000 à 2002.
Le dispositif était en plein mouvement et beaucoup de choses se passaient, j’ai donc décidé fort de mes expériences de tenter moi-même l’aventure entrepreneuriale, et j’ai ouvert Agostino en 2002 !
Passion ?
Mon métier, depuis vingt ans maintenant, cela ne m’a jamais quitté ! J’avoue être aussi un grand amoureux des océans et de la mer, j’y passe la plupart de mon temps libre.
Rubrique : Portrait pro
Que fais-tu au sein du groupe Agostino ?
Je suis le fondateur de la société, et le Directeur actuel. Nous avons aujourd’hui trois agences, une à Nantes, l’autre à Paris et la dernière à Lyon. Notre équipe s’est petit à petit étoffée, nous sommes aujourd’hui 10 salariés au total !
Genèse, services, parle-nous un peu du groupe.
Dès le départ, avec Aline, une salariée qui est là depuis 18 ans déjà, on a travaillé avec une politique que l’on a maintenue jusque-là avec nos salariés portés : on fait toutes et tous partie d’une grande famille.
On accompagne nos salariés portés au quotidien, on est très proches d’eux, on les connaît par cœur. Notre philosophie est radicalement opposée avec la tendance à l’industrialisation du portage salarial née il y a quelques années, et qui correspond d’ailleurs au moment où l’intérim s’est intéressé au dispositif. J’aime à penser que nous sommes un peu comme des artisans, que nous réalisons un travail de précision, très qualitatif, un peu comme des horlogers, ou des orfèvres.
Cette philosophie s’étend bien sûr à l’équipe, Aline par exemple développé la formation presque sans moi, tous les salariés d’Agostino ont une grande autonomie : je pourrais partir deux ans, ça ne se verrait pas (Rires).
L’avantage de cette confiance mutuelle est que l’on a peu de turn over, nos consultants restent chez nous longtemps, ils ne partent pas quasiment. La promesse d’un chiffre d’affaires ne suffit plus aujourd’hui. Si un consultant veut venir chez nous, le lien avec la communauté Agostino est très important. On est très proches d’eux, pour les bons et les mauvais moments.
On m’a déjà demandé si cette « stratégie » était payante, face aux nouveaux modèles. Mais ce n’est même pas une stratégie (Rires), c’est juste comme ça que j’ai envie de travailler, j’ai juste envie de me lever le matin et d’avoir le sourire, et de le donner à mon équipe et aux consultants avec qui nous travaillons.
Points forts/avantages, c’est quoi le petit plus Agostino ?
Le niveau et la qualité de notre accompagnement je dirais.
Depuis des années, nous nous occupons de profils très spécifiques, qui nous poussent à évoluer sans cesse, et à trouver des solutions à des problèmes complexes dans des temps records !
Cela a fait petit à petit monter en gamme notre accompagnement quotidien en termes de qualité. Aline et Marlène qui s’occupent des consultants ont des profils RH de hauts niveaux, elles ont pour cela suivi des formations dédiées pour développer leurs compétences et apporter les meilleurs services possibles. Nous faisons désormais de la haute couture en termes d’ingénierie salariale et fiscale.
Les projets du groupe dans les prochains mois/années à venir ?
Tout en gardant cette politique, j’ai beaucoup travaillé sur un des aspects du portage : faire comprendre aux entreprises que le portage salarial leur donnait de l’agilité dans leurs ressources humaines.
Mon idée est simple : mettre en place dans les entreprises clientes une cellule de portage salarial dans laquelle notre équipe vient s’installer. On peut ainsi préparer la « réinternalisation » en portage salarial d’une personne qui quitte l’entreprise.
Cette offre s’adresse principalement aux grands groupes, et elle permet de faire intervenir des cadres seniors notamment en tant que consultants dans toutes les filiales de l’entreprise.
Ce changement de posture de la personne est précieux, cela change son rapport à son travail, à ses équipes : il retrouve une nouvelle jeunesse, une nouvelle envie. Les consultants portés sont salariés, il ne faut pas l’oublier, ils ont donc tous les avantages attenants. Ils gardent leurs droits à la formation, et renforcent leur employabilité en multipliant les expériences au sein de plusieurs services d’un groupe.
Rubrique : Lieux communs ! Que réponds-tu à ces affirmations
Le portage salarial, c’est trop cher !
C’est une excellente affirmation, que j’entends effectivement souvent. Alors la réponse est oui, le portage salarial a un coût. Sécurité sociale, retraite, assurance chômage : vous payez le filet de sécurité le plus luxueux de la planète. En plus de cela, vous pouvez gratuitement vous former toute l’année grâce à votre entreprise de portage, sans compter de nombreux autres avantages mis en place petit à petit par la plupart des entreprises. En plus, vous ne passez pas vos week-ends à faire votre comptabilité, relire ou rédiger vos contrats commerciaux ou vous embêter avec la dernière demande de l’URSSAF…
Finalement le portage, est-ce que c’est cher, oui, mais TROP cher, certainement pas !
La tranquillité n’a pas de prix.
Le portage, ce n’est pas fait pour les jeunes !
Elle est pas mal celle-là aussi ! En réalité cette affirmation s’explique historiquement, le salaire minimum était plus élevé avant, mais depuis 2015 avec l’ordonnance et 2017 avec la convention collective de branche, les conditions d’accès ont été assouplies aussi bien en termes de facturation minimum que d’expérience et de diplômes minimums.
Nous avons nous-mêmes des consultants qui sont entrés chez Agostino à la sortie de leur diplôme, et qui sont encore chez nous au bout de 10 ans de portage salarial !
Finalement cela s’adresse de plus en plus aux jeunes qui craignent moins qu’à notre époque de sauter le pas et de se lancer comme « freelances », et de facturer dès leurs premières missions. On constate une vraie évolution des mentalités sur ce sujet.
Rubrique : Avis d’expert
Le portage est-il selon toi assez connu, et reconnu ?
La réponse est non, même si on note là encore une évolution positive des mentalités. Nos consultants doivent encore parfois expliquer aux entreprises clientes le fonctionnement du portage salarial et les spécificités de leurs statuts. On a été freinés parce que le secteur s’est longtemps développé sans cadre légal, ce qui a fait peur aux entreprises.
Il faut faire de la pédagogie et leur démontrer qu’elles n’ont aucun risque à faire appel à des compétences en portage salarial, voire même de nombreux avantages, dont celui d’éviter tout risque de requalification de la prestation en contrat de travail, le salarié porté étant déjà salarié chez nous !
Qu’est-ce qu’il faudrait faire pour améliorer les choses ?
Je prends cette fois ma casquette de vice-président de la fédération des entreprises de portage salarial, la FEPS .
Mon souhait est que le portage salarial reste l’affaire d’experts, de professionnels qui accompagnent et conseillent comme il se doit les consultants qui nous rejoignent. Qui dit expertise et qualité, dit aussi un certain coût. On ne doit pas entrer dans la course au « low cost ». Le portage salarial à 2% ou 3% n’est pas rentable, c’est un mensonge, il ne peut pas être fait correctement à ce prix-là.
Le portage doit être fait dans les règles de l’art. Par nature, cela ne doit pas être industrialisé, le cœur du métier c’est l’accompagnement, cela doit être fait par des gens compétents, qu’il faut bien payer, donc cela a un coût et le service rendu doit être de grande qualité.
Rubrique : Confession
Un coup de gueule, un partage, une suggestion, une maxime, ou juste un merci… la parole est à toi…
On va fêter nos 20 ans d’ici la fin de l’année, et je tiens à remercier nos consultants et nos consultantes, dont certains sont parfois là depuis le début de l’aventure !
Donc merci à eux, sincèrement, et à toute l’équipe d’Agostino qui m’accompagne au quotidien, et rend ce voyage si agréable !
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