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Les micros-entrepreneurs face à la crise

25/05/2021

À la fin de l’année 2019, la France comptait près de 3,6 millions d’indépendants, dont la moitié sous le statut de micro-entrepreneurs. Depuis le début des années 2000, le nombre de travailleurs indépendants n’a cessé de progresser. Alors qu’ils représentaient 7 % des emplois (hors agriculture) en 2004, ils ont dépassé les 10 % en 2018.

Toutefois, la crise sanitaire a bouleversé l’économie et le marché du travail, soulevant une question cruciale : cette dynamique d’expansion des micro-entrepreneurs peut-elle se poursuivre ou va-t-elle s’essouffler ?

C’est autour de cette problématique que s’est tenue une table ronde organisée par l’AJIS (Association des Journalistes de l’Information Sociale) le 15 avril dernier, réunissant plusieurs experts et représentants d’organisations professionnelles.

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Un statut toujours attractif en temps de crise

Pierre Burban, de l’Union des Entreprises de Proximité (U2P), souligne que le succès du régime des micro-entrepreneurs repose avant tout sur sa simplicité. Créer son activité en tant que micro-entrepreneur nécessite peu de formalités, ce qui permet à de nombreux travailleurs de rebondir rapidement après une perte d’emploi.

« Dans toutes les périodes de crise, et ce n’est pas nouveau, depuis les années 1970, on a toujours eu une montée de l’activité avec des personnes qui perdaient leur emploi, mais qui avaient envie de travailler et de choisir leur activité. »

Cette tendance s’est confirmée après la crise économique de 2008, et il est probable qu’elle se reproduise dans le contexte post-COVID. De nombreuses personnes cherchent aujourd’hui une alternative au salariat, que ce soit pour gagner en autonomie, tester un projet professionnel ou générer un revenu complémentaire.

Un besoin de protection sociale renforcé

Si le statut attire par sa flexibilité, il reste fragile en période de crise, comme l’a souligné François Hurel, président de l’Union des Autoentrepreneurs. Il plaide pour la mise en place d’un socle minimum universel qui garantirait une protection sociale égale pour tous, indépendamment du statut professionnel.

Cette question est d’autant plus importante que les micro-entrepreneurs ont souvent été exclus des dispositifs d’aides gouvernementales pendant la crise.

Un manque de reconnaissance et d’accès aux aides

Marylise Léon, représentante de la CFDT, insiste sur un problème majeur : la difficulté des micro-entrepreneurs à accéder aux aides et à l’information.

« Lorsque les pouvoirs publics imaginent des aides aux entreprises, les indépendants ne sont pas intégrés dans les réflexions. Quand ils sont intégrés, ils sont vus comme des extraterrestres : il y a de vraies difficultés d’adapter et de trouver des solutions qui répondent vraiment à leurs besoins. »

Cette réalité s’est illustrée avec le fonds de solidarité et les Prêts Garantis par l’État (PGE), qui ont souvent été inadaptés aux spécificités des indépendants. Beaucoup ont dû se débrouiller seuls pour maintenir leur activité à flot.

Un avenir incertain pour les indépendants ?

Grégoire Leclercq, président de la Fédération Nationale des Autoentrepreneurs, se montre sceptique quant à l’impact du « plan indépendant » annoncé par le gouvernement.

« Un nouveau plan est pour moi totalement anachronique. »

Il s’inquiète notamment de la fin du fonds de solidarité et des dispositifs d’aides, qui risque de fragiliser encore plus ceux qui ont survécu grâce aux mesures d’urgence.

Un statut à pérenniser

Malgré son succès grandissant, le statut de micro-entrepreneur reste fragile face aux crises. Si son attractivité ne se dément pas, il devient urgent de lui apporter une meilleure protection sociale et un accès simplifié aux aides économiques.

Alors que la France connaît une forte progression du travail indépendant, il est essentiel que les pouvoirs publics réfléchissent à des solutions adaptées, sous peine de voir de nombreux micro-entrepreneurs en difficulté abandonner leur activité.